un nouveau rebondissement : ce serait Blaise Pascal

A la suite de l'article du 21 novembre 2025, le professeur Jean-Claude Héllarchand - Département d’Histoire et Philosophie des Sciences de l'Université de la Sorbonne - nous a contacté et nous a fait parvenir un article qui sera publié l'année prochaine dans la Revue d’Histoire des Sciences Européennes.

Nous remercions vivement le professeur Hellarchand pour sa marque de confiance et c'est avec plaisir que nous publions en exclusivité et en avant-première cet article.

Résumé

Blaise Pascal et l’invention du Scrabble : du divertissement combinatoire à la pensée probabiliste.

De nouvelles recherches dans les Pascal papers (Bibliothèque nationale de France, ms. 284–289) mettent en lumière l’existence de grilles de lettres attribuées à Blaise Pascal (1623–1662). Ces jeux, qui rappellent de façon frappante le Scrabble moderne, auraient constitué pour Pascal un terrain expérimental dans sa réflexion sur le hasard, les combinaisons et les fondements du calcul des probabilités. Cet article analyse ces manuscrits et explore la manière dont un simple jeu de lettres a pu nourrir la pensée mathématique et philosophique de Pascal.

Introduction

L’image de Pascal est souvent celle d’un esprit tourmenté, partagé entre mathématiques, religion et philosophie (Mesnard 1992). Pourtant, ses écrits témoignent aussi d’un goût marqué pour les jeux de société et les dispositifs ludiques. Ses travaux fondateurs sur les probabilités (correspondance avec Fermat, 1654) sont intimement liés à la réflexion sur le jeu de dés et de cartes.

Or, certains documents inédits révèlent un intérêt pour des grilles de lettres chiffrées, très proches du Scrabble. Pascal y voyait un outil à la fois récréatif et conceptuel. Dans une note marginale, il écrit : « Les lettres ne sont pas muettes : elles s’ordonnent selon le hasard, mais le hasard même obéit à des règles. » (Pascal, Papiers, fol. 287r).

Preuves archivistiques

Le manuscrit 289 de la BnF présente une page où figure une grille de 15×15 cases, avec des mots en latin et en français disposés horizontalement et verticalement. Certaines lettres portent un chiffre marginal, suggérant un système de points. On y observe notamment l’intersection de FORTUNA et RATIO, mise en valeur par un encadré tracé à la plume.

Cette disposition évoque le Scrabble moderne, mais aussi les préoccupations philosophiques de Pascal : le rapport entre hasard (fortuna) et raison (ratio).

Le jeu comme modèle probabiliste

Pascal a largement contribué à formaliser le calcul des probabilités (Hacking 1975). Les grilles de lettres, par leur combinatoire quasi infinie, lui offraient un support concret pour explorer la répartition des chances et l’organisation des résultats aléatoires.

Selon Leclerc (2018 : 56) : « Les grilles de Pascal ne sont pas seulement un passe-temps érudit. Elles fonctionnent comme une modélisation miniature de son pari métaphysique : chaque coup est à la fois hasard et nécessité. »

Ainsi, le croisement de mots n’est pas qu’un jeu linguistique : il devient une métaphore mathématique et théologique.

Discussion

L’attribution à Pascal de l’invention du Scrabble bouleverse l’historiographie des jeux modernes. Certes, il n’a pas commercialisé l’idée, mais les principes de son “jeu de lettres combinatoires” semblent avoir préfiguré des développements ludiques ultérieurs. Cette découverte renforce l’image d’un Pascal inventeur polymorphe, pour qui le jeu est indissociable de la pensée rationnelle.

Conclusion

Les manuscrits pascaliens témoignent d’une continuité entre ses réflexions sur le hasard, son invention de la calculatrice mécanique (machine arithmétique), et ses jeux combinatoires de lettres. Le Scrabble, loin d’être une invention du XXe siècle, aurait donc trouvé une première esquisse dans l’esprit de Blaise Pascal, où se rencontrent hasard, raison et langage. Et c'est avec une logique implacable que Blaise en a conclu, un peu à l'image de Raël, que « Dieu existe, et je l'ai rencontré ».