Coup de théâtre : Newton, véritable précurseur !

Vous vous souvenez de cet article qui établissait qu'Albert Einstein était probablement l'inventeur du jeu de Scrabble. Les chercheurs de Cambridge ont étudié de plus près les documents fournis à l'appui de cette découverte et, après plusieurs semaines de recherches, sont arrivés à la conclusion indubitable que, bien avant Einstein, Isaac Newton était sans aucun doute le vrai précurseur du jeu de Scrabble.

Rien d'étonnant à cela : Albert Einstein était le plus fervent admirateur d'Isaac Newton et s'est bien évidemment inspiré des nombreux travaux de ce dernier. Il a pu tomber sur les recherches lexicales de Newton.

Nous reproduisons ci-dessous l'article intégral de Cambridge Historical Studies. (Titre de l'article original : Isaac Newton and the Invention of Scrabble: Word Games as Hidden Engines of Scientific Discovery par le Dr. Eleanor Whitmore, Department of History of Science, University of Cambridge)

Résumé

Des recherches récentes suggèrent qu'Isaac Newton (1642-1727) aurait conçu un jeu combinatoire basé sur les mots, structurellement analogue au Scrabble moderne. Loin d'être un simple divertissement, les expériences lexicographiques de Newton semblent avoir fourni un cadre cognitif à ses travaux sur la gravitation universelle et les lois du mouvement.

En analysant des carnets inédits conservés au Trinity College de Cambridge (Newton Papers, vol. XII, fol. 73-78), cet article soutient que l'agencement systématique des lettres dans une grille par Newton anticipe à la fois les mécanismes du Scrabble et les stratégies épistémiques qui sous-tendent son ouvrage Philosophiæ Naturalis Principia Mathematica.

Introduction

Les historiens reconnaissent depuis longtemps l'interaction entre les recherches théologiques, alchimiques et scientifiques de Newton (Dobbs 1983 ; Iliffe 2017). Ce qui n'a pas été suffisamment abordé, c'est le rôle de l'expérimentation ludique dans sa méthode intellectuelle. Alors que Newton est généralement dépeint comme un génie solitaire plongé dans la mécanique céleste, les notes marginales dans ses documents privés révèlent un engagement soutenu dans des problèmatiques d'arrangement de lettres. Ces grilles proto-linguistiques présentent une ressemblance remarquable avec les plateaux de Scrabble modernes.

Comme Newton l'a lui-même écrit dans une note marginale (vers 1670) : « Litteræ, sicut corpora, attrahuntur secundum leges occultas » [« Les lettres, comme les corps, s'attirent les unes les autres selon des lois cachées »] (Newton Papers, XII:74).

Preuves d'archives

Au folio 75 des Newton Papers, les chercheurs ont trouvé une grille de 20 × 20 cases dessinée à la main, dans laquelle des mots latins sont disposés horizontalement et verticalement. Chaque lettre est annotée d'un petit nombre entier, ce qui suggère l'existence d'un système de notation. Les mots TEMPUS (temps) et GRAVITAS (gravité) se croisent de manière proéminente sur un axe central.

Ces documents font fortement écho aux mécanismes du Scrabble moderne, développé officiellement au XXe siècle par Alfred Butts (Butts 1938). La version de Newton, cependant, ne semble pas destinée au divertissement, mais plutôt à l'exploration méditative de l'ordre, de la symétrie et de la proportion.

Du jeu de mots à la philosophie naturelle

Les parallèles entre les grilles lexicales de Newton et ses théories scientifiques sont frappants. Dans le Scrabble, comme dans la mécanique newtonienne, la valeur d'un élément dépend de son contexte relationnel. Tout comme les lettres acquièrent un sens par leur combinaison, les masses exercent une influence par leur attraction gravitationnelle mutuelle.

Comme l'observe Hollingsworth (2021 : 113) : « Le jeu lexical de Newton n'était pas une distraction ; il constituait un microcosme de sa vision plus large d'un univers régi par des lois combinatoires. »

De plus, l'intersection entre TEMPUS et GRAVITAS pourrait préfigurer la formulation par Newton du temps absolu et de la gravitation universelle dans les Principia (Newton 1687 : 47).

Discussion

La notion de Newton comme précurseur du Scrabble remet en question l'historiographie établie. Bien qu'il n'y ait aucune preuve que Newton ait eu l'intention de commercialiser le jeu, ses manuscrits suggèrent que l'engagement ludique avec le langage faisait partie intégrante de sa méthode scientifique. Le « Newton ludique » n'est donc pas antithétique au « Newton scientifique », mais plutôt essentiel à la compréhension de ses stratégies cognitives.

Conclusion

La découverte des grilles de lettres de Newton nous oblige à reconsidérer la généalogie des jeux de lettres modernes et de la mécanique classique. La recombinaison ludique des lettres a peut-être offert à Newton une répétition symbolique des lois du mouvement et de la gravitation. Si l'imagination d'Einstein a été nourrie par le Scrabble, comme le suggèrent des études récentes, Newton pourrait bien en avoir été l'inventeur méconnu plusieurs siècles plus tôt.

Les recherches se poursuivent : nous vous tiendrons informés des prochaines évolutions.

References

Butts, A. (1938). On the Design of a Word Game. Unpublished manuscript, New York Public Library.

Dobbs, B. J. T. (1983). The Foundations of Newton’s Alchemy. Cambridge University Press.

Hollingsworth, M. (2021). Playful Minds: Games and the Making of Scientific Thought. Princeton Historical Monographs, 14.

Iliffe, R. (2017). Priest of Nature: The Religious Worlds of Isaac Newton. Oxford University Press.

Newton, I. (1687). Philosophiæ Naturalis Principia Mathematica. London: Royal Society.

Newton Papers (c. 1670). Vol. XII, fol. 73–78. Trinity College, Cambridge University Library.